Belo Horizonte — Humiliée par une Allemagne impitoyable en demi-finale (1-7), la Seleção quitte son Mondial par la plus petite des portes. Un score traumatique, gravé dans les esprits… et dans le quotidien de Dario Moreira, supporter inconsolable qui refuse depuis le 8 juillet de quitter l’Estadio Mineirão.
La presse locale ne parle plus que de lui : Dario Moreira, 55 ans, campe depuis une semaine dans les tribunes du stade. « On lui apporte à manger tous les jours, il fait tellement de peine », confie Carlia, une habitante du quartier. Le visage de Dario, figé dans une expression de détresse, semble avoir cessé d’enregistrer le passage du temps. « Il parle, oui… mais on dirait qu’il a décroché », ajoute un riverain.
Mais la tristesse n’est pas sans danger. « Faites attention. Il a déjà blessé plusieurs personnes », prévient Robson, jardinier du stade. « La police a reçu des consignes strictes : ne pas intervenir. Un agent m’a dit que c’était pour éviter de raviver le score. Trop peur des émeutes ». Depuis, les maillots jaunes ont disparu des rues de Belo Horizonte. Le silence est devenu protocolaire. « C’est un complot des Illuminati », assure Luiz, mécanicien de Belmiro Braga, visiblement en quête de sens.
Nul ne sait combien de temps Dario tiendra. « On avait perdu en 1920. 6-0 contre l’Uruguay. Et en 1940, 6-1 contre l’Argentine. Mais là… 7-1… contre l’Allemagne… contre l’Allemagne en plus », répète-t-il, le regard vide. Selon le ministère de la Santé brésilien, la soirée du 8 juillet a vu l’admission en urgence de plus de 3 millions de patients : dépressions foudroyantes, arrêts cardiaques, crises existentielles. Le football, au Brésil, n’est pas un jeu. C’est une religion. Et ce soir-là, le dieu du ballon rond n’a pas répondu.
M. Servat | l'Immunité.fr
Marc Servat est un ancien footballeur français qui évoluait au poste d'attaquant. Il est désormais consultant et rédacteur à l'Immunité.
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