Dans une rue tranquille de Burnaby, près de Vancouver, un marquage au sol indiquant DRUG DEALERS ONLY a surpris les habitants. L’initiative, portée par un maire fervent défenseur de la légalisation « responsable », serait un projet pilote destiné à « canaliser les micro-entrepreneurs du cannabis vers des zones de stationnement dédiées ».
La photographie, devenue virale, montre un emplacement parfaitement tracé, avec une mention sans ambiguïté : la place est réservée aux « dealers uniquement ». L’inscription, peinte de manière professionnelle, tranche avec l’ambiance résidentielle du quartier.
Le maire de Burnaby, Trevor Mellings, assume l’idée. « Depuis la légalisation, il faut accompagner la transition économique. Certains Canadiens vendent encore hors réseau : autant leur offrir un stationnement réglementé pour fluidifier le quartier », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Et puis ça évite qu’ils tournent en rond en voiture. Le vrai problème écologique, c’est ça ».
Interrogé sur son rapport personnel au cannabis, l’édile se contente de répondre : « Je soutiens l’industrie. Soutenir ne veut pas dire consommer. Mais je soutiens très fort », suscitant l’hilarité générale lors de la conférence de presse.
Selon les documents municipaux, la place de parking s’inscrit dans un dispositif expérimental visant à « mieux organiser les flux urbains liés à l’économie parallèle post-légalisation ». La ville réfléchit même à une extension du programme, avec :
Le maire insiste : « Nous ne créons pas de privilèges. Nous organisons la mobilité. Ce n’est pas un message de soutien, juste un message d'aménagement urbain ».
Certains riverains y voient une idée géniale. « Au moins, on sait où ils sont. C’est de la lisibilité urbaine », commente une retraitée ravie. D’autres dénoncent un « aveu d’impuissance » de la ville, incapable de contrôler les circuits de vente parallèles, toujours florissants.
La police montée, de son côté, déclare n’avoir pas été consultée : « Nous avons lu le document, mais nous attendons les instructions pour agir. Nous ne voulons pas risquer de mal interpréter les consignes », indique un porte-parole.
La mairie assure que l’inscription n’est « que temporaire ». Mais les résidents affirment que la peinture est fraîche, épaisse, et manifestement pensée pour durer.
F. Pichard | l'Immunité.fr
Franck Pichard est journaliste et analyste politique, diplômé de l'Institut français de presse et de l'Institut d'études politiques de Paris.