Creuse — Après avoir cru sa vie transformée par un gain de 14 millions d’euros au Loto, Claude, agriculteur veuf de 52 ans, se voit aujourd’hui contraint de rembourser l’intégralité de la somme à la Française des jeux. Une erreur d’identité aux conséquences spectaculaires.
En avril 2009, Claude apprend qu’il est l’heureux gagnant du Loto. Il vend son exploitation, devient rentier, acquiert deux résidences secondaires et multiplie les séjours à l’étranger, souvent accompagné d’escort-girls. « J’étais heureux de ne plus me lever à 4h du matin. Repostuler à L’Amour est dans le pré ? Très peu pour moi », confie-t-il, alors au sommet de sa nouvelle vie.
Mais deux mois plus tard, un joueur du Finistère dépose plainte auprès de la FDJ, affirmant avoir validé les mêmes numéros. Après vérification, l’erreur est confirmée : les deux hommes partagent prénom et nom, mais seul le Breton avait effectivement joué. Claude le Creusois a encaissé la cagnotte par confusion administrative.
Claude refuse toute conciliation. « Après toutes ces années de galère, c’est hors de question », martèle-t-il. Poursuivi pour escroquerie, il est reconnu coupable par le Tribunal de Grande Instance de Guéret le 10 octobre dernier. Il devra rembourser 15,6 millions d’euros, dont 1,6 million d’intérêts, et purge six mois de prison ferme.
Son avocat, Maître Lauret, conteste la procédure : « Mon client n’est pas responsable des erreurs techniques de la FDJ. Certes, il n’a pas eu la présence d’esprit de dire qu’il n’avait jamais joué. Mais à sa place, qui l’aurait fait ? ». Une défense qui interroge autant qu’elle illustre les vertiges de la fortune.
G. Armand | l'Immunité.fr
Gérard Armand est directeur de la Rédaction de l'Immunité. Sociologue de formation, il a soutenu sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).