François Hollande est un homme « que rien ne décourage et dont les objectifs sont parfaitement calibrés », affirment avec une pointe d’amertume les jeunes militants de l’UMP. Reportage au cœur d’une admiration contrariée.
Assise sur les marches du siège parisien du parti, Véronique exprime sa lassitude. Selon elle, le chef de l’État capte l’attention médiatique depuis le premier jour : « Dès son déplacement inaugural en Allemagne, la foudre a frappé l’avion présidentiel, contraint de faire demi-tour. Vous aviez déjà vu ça ? », s’indigne-t-elle, entre fascination et exaspération.
Hubert, étudiant en sciences politiques, renchérit : « Copé et Fillon ont pourtant ouvert le bal avec des élections internes contestées et un endettement du parti à hauteur de 300 % des recettes. On a tout tenté pour reprendre la main : 24 000 euros de billets d’avion remboursés à Nadia Copé, déjà rémunérée 5 000 euros par mois comme attachée parlementaire. Fillon n’a pas démérité non plus : 14 000 euros pour ses déplacements en Falcon, 6 500 pour un hélicoptère. Et la presse ? Deux lignes. » D’autres militants évoquent les frais de Rachida Dati : 9 000 euros de train, 4 000 d’avion, 10 000 de téléphonie. « Les quatre collaborateurs de Copé touchaient 600 000 euros par an. Le PS peut-il en dire autant ? », conclut Hubert, mi-ironique, mi-dépité.
Rien n’y fait : même l’affaire Bygmalion ne parvient à éclipser Hollande. Son discours détrempé à l’île de Sein a occupé les médias une semaine entière. Puis se sont enchaînés l’affaire Cahuzac, le brûlot de Duflot, la démission de Montebourg, les sondages catastrophiques, l’éviction express de Thévenoud pour cause de « phobie administrative », la fronde parlementaire… et enfin, l’onde de choc Trierweiler. Le président, fidèle à son sens du contre-pied, répondra à son ex-compagne lors d’un hommage à l’acteur Richard Kiel, alias Requin dans James Bond, par une saillie restée célèbre : « Au moins lui… il avait des dents ! ». Une provocation de trop pour un jeune militant en retrait : « Ses blagues sont insupportables, et il le sait. Tout est calculé pour capter l’attention médiatique. »
F. Pichard | l'Immunité.fr
Franck Pichard est journaliste et analyste politique, diplômé de l'Institut français de presse et de l'Institut d'études politiques de Paris.