La nouvelle carte des régions de France, une mesure d’économie drastique

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Le 2 juin, François Hollande a levé le voile sur ses arbitrages relatifs à la réforme territoriale. Contre toute attente, la nouvelle carte administrative de la France métropolitaine ne comptera plus que trois régions, contre vingt-deux auparavant.

Une refonte intégrale du maillage régional

Dans une tribune sans appel, le chef de l’État annonce que le projet ne sera pas « soumis au débat parlementaire », estimant qu’il est temps de « cesser de tergiverser ». Il justifie cette décision par un impératif de lisibilité institutionnelle : « Le temps est venu de simplifier les choses au maximum, pour que chacun sache qui décide, qui finance, et à partir de quelles ressources. Il faut offrir un service strictement minimum, et soulager des pouvoirs publics déjà éprouvés par la crise économique », écrit-il.

La réforme, inédite par son ampleur, prévoit la création de trois entités régionales de grande dimension, censées rivaliser avec leurs homologues européennes. La région Pyrénées-Centre s’étendra de Biarritz à Lille, en passant par Bordeaux et Toulouse. L’Île-de-Normandie, présentée comme la plus jeune et la plus dynamique, regroupera le nord-ouest. Enfin, Rhône–Côte d’Azur fusionnera Lyon et Marseille dans une alliance censée contrebalancer l’ancienne Île-de-France. Une géographie pensée pour l’efficacité, quitte à bousculer les repères.

Réactions vives du camp régionaliste

« Il fallait rééquilibrer le partage des richesses, l’Île-de-France occupait une place démesurée. Ce redécoupage constitue le meilleur compromis économique possible. Ces grandes régions seront demain administrées par des assemblées pleinement autonomes du pouvoir central. Cela signifie plus de liberté, plus de démocratie, et moins de dépenses », affirme François Hollande, dans un plaidoyer pour une décentralisation rationalisée.

Mais du côté des régionalistes, l’inquiétude est palpable. Bretons, occitans, corses, basques, catalans et alsaciens dénoncent une cartographie déconnectée des réalités culturelles. « Il appartient aux parlementaires de réexaminer cette carte, très contestable d’un point de vue linguistique », déclare Gustau Alirol, président de Régions et peuples solidaires. « L’autonomie, oui, mais pas au prix d’une fusion arbitraire. Ce projet nie les identités historiques au nom d’une efficacité technocratique », conclut-il.

F. Pichard | l'Immunité.fr
Franck Pichard est journaliste et analyste politique, diplômé de l'Institut français de presse et de l'Institut d'études politiques de Paris.


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