Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme, titulaire du permis de chasse depuis 1994, aurait confondu les drones lumineux avec « des canards migrateurs particulièrement nerveux » volant à basse altitude. « Ils zigzaguaient n’importe comment et faisaient un bruit métallique. J’ai pensé à une nouvelle espèce. », a-t-il expliqué aux gendarmes.
L’incident s’est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche, à proximité d’un rassemblement festif improvisé, où plusieurs centaines de participants s’étaient réunis pour écouter de la musique électronique à fort volume, dans une clairière située sur un terrain communal. Le propriétaire voisin, chasseur et apiculteur amateur, aurait été alerté par le vrombissement de drones filmant l’événement.
« Cela faisait deux heures que j’entendais du boum-boum dans la forêt. Puis j’ai vu trois silhouettes clignotantes passer au-dessus de l’étang. J’ai cru à des canards sous stéroïdes. J’ai agi comme on m’a appris », a-t-il affirmé, sans montrer de signe particulier d’inquiétude.
D’après son avocat, les tirs ne constituent pas une infraction volontaire mais « un acte de gestion cynégétique adapté à une situation faunistique imprévue ». « Mon client n’a pas tiré sur un festival, il a tiré sur ce qu’il pensait être des oiseaux. La confusion entre avifaune et drone filmographique n’est pas juridiquement réglée à ce jour », soutient-il.
Les organisateurs du festival, qui affirment disposer d’un DJ venu « de Berlin mais qui vit à Lisbonne parce que c’est moins cher », dénoncent de leur côté une « agression ciblée contre la liberté artistique ». L’un d’eux précise néanmoins : « Les drones servaient surtout à repérer les voitures de la gendarmerie. On n'est pas inconscients non plus. »
La Fédération Nationale des Chasseurs du Sud-Ouest (FNCSO) rappelle quant à elle que la ressemblance entre certains drones civils et des espèces d’oiseaux migrateurs peut « induire en erreur même des tireurs expérimentés ». Le communiqué précise toutefois que « le canard sauvage clignote rarement en bleu-vert à LED », invitant les chasseurs à la prudence.
La préfecture rappelle cependant que l’usage d’armes à feu à proximité d’un rassemblement public est strictement interdit, « même en cas de nuisance musicale perçue comme excessive ». Le chasseur a été entendu librement par la gendarmerie avant d’être reconduit chez lui. Les drones, quant à eux, ont été récupérés « en état de destruction totale », selon les autorités. Le festival s’est finalement achevé à 13h45, faute de générateur et de musique audible.
G. Armand | l'Immunité.fr
Gérard Armand est directeur de la Rédaction de l'Immunité. Sociologue de formation, il a soutenu sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).