Dans le Sud-Ouest, une confédération boulangère rebaptise le « pain aux raisins » en « raisintine »

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La Confédération Boulangère du Grand Sud-Ouest (CBGSO) a annoncé ce matin l’adoption du terme « raisintine » pour désigner le traditionnel pain aux raisins. Selon le communiqué, il s’agirait d'un « repositionnement nécessaire d’une viennoiserie injustement oubliée des débats nationaux ».

Dans une région déjà marquée par l’historique opposition entre les partisans du pain au chocolat et ceux de la chocolatine, la CBGSO considère que le pain aux raisins n’a jamais réussi à s’imposer dans l’espace public. « Il souffre d’une neutralité excessive, d’un manque de caractère discursif », explique la Confédération.

« La raisintine permettra de redonner de la dignité à cette viennoiserie souvent prise par défaut lorsque les autres sont épuisées », poursuit le document. « Nous voulons qu’elle redevienne un choix assumé, et non un accident de comptoir ».

Six mois de travail pour élaborer le nom

Selon nos informations, le terme « raisintine » aurait été retenu après une série d’ateliers consultatifs comprenant des maîtres-artisans, un linguiste toulousain notoirement engagé dans la promotion de l’occitan, ainsi qu’un panel de consommateurs volontaires réunis dans une salle polyvalente de Montauban.

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Un membre de la commission résume : « Nous avons envisagé raisinette, raisinoise, pain-raisin+, mais rien ne portait autant d’élan sémantique que raisintine ».

Des réactions mitigées dans les boulangeries

À Agen, un boulanger explique avoir modifié son étiquette dès l’aube : « Personne n’a remarqué quoi que ce soit. Ici, on dit “raisintine” depuis trois générations. Et puis, soyons honnêtes : personne ne regarde vraiment ce produit. L’important, c’est d’y croire. »

À l’inverse, à Tarbes, une artisane se dit « déboussolée » : « Mon grand-père disait “pain aux raisins”. Son père aussi. Je ne suis pas certaine que nous soyons préparés en région montagne à une telle modernité ».

D’autres renamings seraient déjà à l’étude

D’après la CBGSO, cette décision ne serait qu’une première étape dans un vaste projet d’« harmonisation lexicale » de la vitrine boulangère occitano-française. Parmi les pistes évoquées :

  • Le chausson aux pommes revisité en « Pommentine feuilletée »
  • Le flan pâtissier rebaptisé « Flantissine aux œufs »
  • Le croissant « classique » renommé « Croissantine tradition »

Le ministère de la Culture se dit « attentif mais pas alarmé », rappelant qu’aucun changement n’est à exclure dans un pays où la viennoiserie est considérée comme « territoire d’identité sensible ». L’avenir dira si la raisintine saura s’imposer ou si elle restera, comme par le passé, la compagne silencieuse des vitrines, juste avant la fermeture.

G. Armand | l'Immunité.fr
Gérard Armand est directeur de la Rédaction de l'Immunité. Sociologue de formation, il a soutenu sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

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