La Barben — Ce paisible village provençal niché au cœur des Bouches-du-Rhône n’aurait jamais imaginé devenir le théâtre d’une insécurité record. Pourtant, depuis deux ans, les affrontements entre bandes rivales troublent la tranquillité des riverains.
Au 86 rue Mistral, derrière une porte blindée, Mounia, jeune infirmière de 26 ans, nous accueille avec prudence. Elle et son mari Djamel, agent immobilier, ont emménagé dans ce logement social il y a six mois. « On ne dort plus depuis notre arrivée », confie-t-elle. Le couple, venu chercher le soleil et la sérénité après plusieurs années en Seine-Saint-Denis, vit désormais dans l’angoisse.
Le bailleur Bel Avenir leur avait trouvé un appartement dans ce village réputé tranquille. Mais dès les premiers soirs, le hall d’entrée devient un point de tension. « À leur âge, beaucoup sont insomniaques. Ils veillent tard, se lèvent tôt. Le problème, c’est que nous, on travaille », explique Mounia. « Ils me parlent, mais je ne comprends pas toujours. L’accent provençal est redoutable », ajoute-t-elle, mi-amusée, mi-inquiète.
Le climat se dégrade rapidement. « Un jour, ils ont tiré sur Filou… notre yorkshire. Il est mort sur le coup », raconte Mounia, les larmes aux yeux. Le chien aurait aboyé pendant l’émission Questions pour un Champion, perturbant le rituel sacré de 18h. « Le silence est impératif à cette heure-là », murmure-t-elle. Djamel, debout à ses côtés, reste muet.
Selon Charlotte Cantat, directrice de clientèle chez Bel Avenir, plusieurs bandes de retraités imposent leur loi dans le quartier. « Nous ne voulions pas en arriver là », insiste Mounia. Le couple envisage désormais un retour en banlieue parisienne, espérant y retrouver une forme de normalité.
G. Armand | l'Immunité.fr
Gérard Armand est directeur de la Rédaction de l'Immunité. Sociologue de formation, il a soutenu sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).