Déjections canines : le dispositif choc anti-SDF du maire de Niort

Les élus locaux semblent redoubler d’ingéniosité dans leur lutte contre la précarité visible. Après les bancs grillagés d’Angoulême, c’est à Niort que le maire a choisi une méthode inédite : suspendre le nettoyage des trottoirs lorsque ceux-ci sont recouverts de déjections canines.

Si Angoulême a provisoirement renoncé à ses dispositifs anti-repos, d’autres communes expérimentent des stratégies plus insidieuses. À Niort, la municipalité a décidé de ne plus assurer l’entretien des trottoirs souillés, dans le but affiché de décourager la présence des sans-abri. La mesure, d’une durée indéterminée, vise explicitement les zones les plus fréquentées par les personnes en situation de mendicité.

Le potentiel de nuisance est notable : selon le site dejection-canine.com, Niort compte 8 500 chiens, générant près de 685 kg de déjections par jour. Dès l’annonce officielle, les 67 distributeurs de sacs à crottes ont été retirés, laissant le terrain libre à une accumulation stratégique.

La municipalité assume pleinement cette décision controversée, prise « en concertation avec les commerçants du centre-ville, confrontés à la présence quotidienne des sans-abri et des populations roms ». Un restaurateur, sous couvert d’anonymat, salue l’initiative : « Cela dissuade ces personnes de s’installer à proximité de nos terrasses. Et nos serveurs récupèrent enfin leurs pourboires, que certains clients préféraient donner aux mendiants ».

L’adjoint au maire en charge de l’hygiène et de l’urbanisme se félicite d’une mesure « à la fois socialement salutaire et budgétairement avantageuse ». Il précise que les services municipaux continueront à ramasser les feuilles mortes et à entretenir les espaces jugés essentiels — à l’exception notable des déjections canines, désormais promues au rang d’outil dissuasif.

G. Armand | l'Immunité.fr
Gérard Armand est directeur de la Rédaction de l'Immunité. Sociologue de formation, il a soutenu sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).


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