Le 14 juillet demeure l’occasion rêvée pour chaque corps d’armée de s’exhiber sous l’œil des caméras : bataillons, Légion étrangère, hélicoptères, blindés… tous aspirent à leur instant de gloire sur les Champs-Élysées. Y compris les unités navales, même les moins amphibies.
Point d’orgue du défilé : le sous-marin d’attaque « Perle », tracté avec solennité par deux poids lourds de l’armée de Terre. Une semaine auparavant, l’appareil croisait encore dans les profondeurs du Pacifique. Rappelé en urgence, il aurait parcouru des milliers de kilomètres à vitesse maximale, à plus de 200 mètres de fond, pour rejoindre la capitale. Une prouesse rendue possible par sa propulsion nucléaire. Coût de l’opération : 780 000 euros. Une dépense jugée justifiée au nom de la visibilité stratégique.
« Nous sommes là pour susciter des vocations chez les jeunes en difficulté, alors nous ne mégotons pas », explique le commandant de bord. Malgré une température intérieure suffocante, l’équipage a tenu sa position. « Le Président tenait à ce que toutes les unités soient représentées, y compris celles qui vivent sous la surface », poursuit-il. Un marin a néanmoins perdu connaissance durant la cérémonie. « Entre les plannings mouvants et les chantiers de maintenance permanents, nous avons appris à composer avec l’imprévu. C’est le quotidien du sous-marinier », conclut-il, imperturbable.
Pour clore les festivités, l’État a fait appel à Luc Besson, chargé de mettre en scène le feu d’artifice tiré depuis la tour Eiffel. « Célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale n’est pas un exercice anodin. Nous avons mobilisé des moyens considérables pour ne pas décevoir le public. Et, bien sûr, pour rendre hommage aux soldats tombés », précise-t-il avec gravité.
Le spectacle, fruit de six mois de préparation et de l’implication d’une centaine de techniciens, a mobilisé un budget de 500 000 euros. Besson, quant à lui, s’est imprégné de l’univers militaire avec ferveur : « J’ai échangé avec de nombreux soldats. Ils m’ont décrit des armements capables d’anéantir un quartier entier, des gaz létaux en quelques minutes… La guerre, au fond, c’est la forme la plus aboutie de la paix ». Orwell n’aurait pas mieux dit.
R. Meunier | l'Immunité.fr
Raphaël Meunier est diplômé d'HEC. Il est également conseiller en économie et gestion des entreprises.