Assemblée nationale : Le non port de la cravate est contraire à la laïcité

© Nicolas Buffler

Le Palais Bourbon a accueilli récemment les 577 nouveaux députés élus le 18 juin dernier. Parmi eux, les députés masculins de la France insoumise ont annoncé leur intention de siéger sans porter le traditionnel « costume-cravate ». Un geste politique fort qui, à la lecture du règlement intérieur de l'Assemblée nationale, est contraire à la laïcité. Explications.

Respecter la laïcité en portant la cravate

Le Bureau de l’Assemblée nationale rappelle que pour accéder aux tribunes de l’hémicycle une « tenue correcte » est exigée. Aussi, les parlementaires doivent être « assis, en silence, la tête découverte » et, surtout, « le port de la cravate est obligatoire afin d’observer un strict respect de la laïcité et ce, en toutes circonstances ».

En réalité, ce code vestimentaire fait référence à un évènement antérieur à la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État. En 1896, Philippe Grenier, médecin et homme politique français, devient le premier député musulman de l'histoire de France. Converti à l’islam, Grenier se présente à l’Assemblée nationale vêtu de « bottes marocaines, gandoura, burnous et turban », choquant l’ensemble des élus. Par la suite, et pour éviter que de tels faits se reproduisent, le Bureau de l’Assemblée nationale adopte un texte « visant à éradiquer tout signe religieux ostentatoire dans l’hémicycle ».

Des femmes députées en pantalon-cravate ?

Un huissier peut ainsi interdire l’accès de l’hémicycle à une personne sans cravate, symbole républicain que tout élu ou citoyen se doit de respecter. Mais qu’en est-il pour les femmes ? L’historien René Loublit précise : « Il fût un temps, lors de l’arrivée des premières femmes à l’Assemblée suite aux élections législatives du 21 octobre 1945, le Conseil constitutionnel s’est posé la question de savoir s’il fallait ou non prêter des cravates à ces députés oublieuses des règles ».

Car pour respecter la laïcité, les femmes ne doivent pas franchir certaines lignes rouges : avoir les bras nus, un décolleté trop prononcé, faire usage du maquillage et autres miroirs de poche ou une jupe au-dessus des genoux qui risquerait de perturber leurs homologues masculins. Toutefois, depuis 1977, le pantalon est autorisé pour les femmes, sous oublier la cravate.

F. Pichard | l'Immunité.fr
Franck Pichard est journaliste et analyste politique, diplômé de l'Institut français de presse et de l'Institut d'études politiques de Paris.


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